La montagne
par Mario Vachon, Centre l’Escale, Thetford Mines
Au début de l’été 2010, ma situation s’aggravait de plus en plus. J’avais perdu mon emploi, ma maison et tous mes amis à cause de mon abusive consommation de drogues. Il ne me restait que mon petit minivan dans lequel je vivais et qui me servait de maison. J’étais à la recherche d’un endroit à l’écart de la ville où je pourrais m’installer. Je devais limiter au maximum mes déplacements, car je n’avais aucun revenu et l’état de mon véhicule était pitoyable. Donc, je devais absolument garder ce véhicule: il était mon abri et mon moyen de transport.
Après plusieurs kilomètres, j’ai fini par trouver un endroit formidable. C’était un petit sentier qui menait tout droit au sommet d’une montagne. Là-haut, j’avais tout ce dont j’avais besoin : un petit ruisseau d’eau de source pour boire et me laver, des poissons, de la faune et des fruits sauvages pour me nourrir et une vue splendide sur toute la ville pour me divertir. De plus, une portion de la montagne regorgeait de vieux rebuts de métal. Donc, je savais qu’en ramassant ces vieux métaux, je pourrais les revendre aux ferrailleurs et, en plus, cela nettoyait la nature. Avec cet argent, j’arrivais à survivre avec un minimum d’équipement : petite glacière 12 volts, petit poêle au propane et même la douche que j’avais fabriquée avec une petite cale à bateau que j’avais mis au fond d’une grande chaudière de plastique. Reliée à une douche téléphone, je n’avais qu’à faire chauffer de l’eau que je transvidais dans la chaudière. Je pouvais prendre ma douche au beau milieu de nulle part avec une vue à couper le souffle.
C’était magique malgré la situation plutôt critique. Je n’avais pas le temps de m’ennuyer. J’avais toujours quelque chose à faire, ma survie en dépendait. J’adorais vivre en forêt avec la faune qui m’inspirait beaucoup. La montagne m’offrait de nombreux avantages. Étant donné sa haute altitude, les moustiques étaient presque inexistants. Le soir, j’installais mon matelas gonflable sur le toit du minivan, j’étais aux premières loges pour observer le ciel étoilé. Quel spectacle!
Ce contact avec la nature m’a permis de me ressourcer et de lâcher prise sur les petits problèmes de la vie courante. J’avais une soudaine joie de vivre que moi-même je ne comprenais pas. J’ai habité cette montagne tout l’été et tard jusqu’à l’automne. Cette expérience a été très bénéfique pour moi. Elle a eu l’effet d’une thérapie. J’ai appris à mieux me connaitre et à me reprendre en mains. C’est souvent dans ce genre de situation qu’on découvre nos vraies forces.
Depuis ce jour, je reconstruis ma vie. Je me suis inscrit à l’école et je vis chaque jour comme un cadeau. Peu importe les situations de la vie, il ne faut jamais abandonner : il reste toujours quelque chose à essayer. J’ai identifié mes buts que je veux atteindre et je suis maintenant prêt à mettre les efforts nécessaires pour les réaliser. Plus rien ne peut m’arrêter!
(Source : Recueil de textes Ma plus belle histoire, FSE et CSQ, Montréal, 2013)
Marques énonciatives:
- L’énonciateur (auteur) marque sa présence avec l’utilisation de la 1re personne
- L’énonciateur utilise le pronom « on » pour inclure le destinataire (lecteur) et créer un rapprochement
Marques de modalité:
- Vocabulaire mélioratif (positif) et péjoratif (négatif)
- Verbes auxiliaires de modalité (obligation, possibilité, etc.)
- Ponctuation marquant l’expressivité